
Aujourd’hui, ce n’est pas un billet comme les autres. Je vais vous faire un retour d’expérience. Bibliothécaire jeunesse pendant 10 ans, j’ai conseillé des livres aux tout-petits bien avant d’avoir des enfants. Du coup, j’avoue que parfois, je ne connaissais pas assez le sujet.
Attention, je ne dis pas qu’il faut avoir des enfants pour conseiller un livre jeunesse. 🙂 Mais avec mes petits loups, j’ai découvert la peur que peut engendrer les images et les livres.
Dans le métier, nous avons tous notre sélection de livres sur la peur, qui peuvent aider les parents à parler du sujet. « Va t’en grand monstre vert », « Tous les monstres ont peur du noir », « Un loup gros comme ça »…
La peur peut aussi venir d’un livre tout simple. Comme « Grand lapin est-tu là ? » D’émile Jadoul.
Ce petit livre raconte l’histoire d’un papa lapin qui tente de coucher son fils. À chaque fois, son garçon lui demande s’il est là, le papa répond toujours. Jusqu’au moment où le petit lapin entend un drôle de bruit et trouve son papa ronflant dans les escaliers.
Émile Jadoul se trompe rarement en terme de littérature jeunesse. Ces livres sont très doux et prêtent à des moments de partage extraordinaire avec les tout-petits. Du coup le jour où j’ai reçu celui-ci par l’école des loisirs, je me suis précipité sur mon petit second pour lui lire cette histoire.
La première lecture se passe très bien. Je ferme le livre et tout contente, je lui dis : « Encore une fois ? » Réponse « Non »
Et chaque tentative fut infructueuse. Un jour, je teste ce livre sur la fille d’une amie, 6 mois de moins que le mien. Première lecture super. J’essaie une seconde fois, même réaction. Elle repousse le livre.
J’ai manqué un truc. Après réflexion, j’ai compris. Le problème, c’est la porte. Les tout-petits ont peur de cet espace de séparation entre eux et leur parent. La nuit est terrifiante et la porte les séparent de la sécurité que donne papa et maman. D’ailleurs le petit lapin n’est pas rassuré seul dans sa chambre.
Si vous avez eu des enfants avec des problèmes de sommeil peut-être avez-vous déjà lu ce conseil : placez le lit face à la porte sans là fermer pas. L’enfant doit pouvoir voir ce qu’il y a derrière celle-ci pour se sentir en sécurité.
Du coup pour ces deux enfants avec un sommeil difficile et une grosse peur de la séparation, le livre matérialisait trop leur crainte.
Comment j’avais pu passé à côté de cela en dix ans de carrière ? Tout simple. Je n’avais pas fait une seconde lecture avec mes groupes et je n’étais pas leur adulte de référence. Je pense aussi qu’en fonction de l’enfant et du lecteur, la réaction n’est pas la même.
Je précise que tout ceci repose sur des observations personnelles. Si jamais vous avez des observations à me faire partager commentez ce billet. 🙂