Iskari : T1 Asha tueuse de dragons / Kristen Ciccarelli, éd. Gallimard jeunesse.
Le royaume de Firgaard à tourner le dos à son passé. Les dragons, autrefois amis avec les humains, ce sont retournés contre eux. De plus une mystérieuse maladie fait rage. Toute personne qui raconte les légendes de l’ancien temps en meurt. Pour protéger la cité les rois dragons ont interdit les anciens rites et leurs histoires. Ils ont également instauré la chasse aux dragons.
La meilleure chasseuse n’est autre qu’Asha la fille de l’actuel roi. Depuis qu’elle a été brûlée par le tout premier dragon à l’âge de 10 ans, la jeune fille les traque sans relâche. La hargne et la haine qui la dirige lui ont donné le surnom d’Iskari, en référence à une redoutable déesse guerrière.
Promise au commandant, de son père, qu’elle déteste. Asha va tenter de changer son destin. Sa quête va la mener vers un chemin qu’elle n’aurait jamais soupçonné suivre. Une route dangereuse à l’issue incertaine.
À partir de 11 ans bons lecteurs : c’est un livre envoûtant. L’histoire de cette jeune femme, dure et mal aimée par tous, est exaltante. On la suit dans la découverte de son histoire et de son identité. Ce récit aux allures de conte initiatique traite de beaucoup de sujet sensibles qui amène au questionnement : l’esclavage, la guerre, la confiance absolue, la trahison…
Le petit plus de roman, qui fait écho chez moi, c’est sa relation fusionnelle avec le conte. L’univers des histoires prend ici une dimension palpable. Le pouvoir des mots révèle à la fois des vérités cachées, mais aussi donne vie à des créatures irréelles.
Ce premier tome est brillant. J’ai lu sur d’autres blogs que le tome 2 ne traite pas des mêmes personnages. Pour le moment, j’attends que mon affection pour les héros redescende un peu ou que le tome trois soit dans les rayonnages. 🙂
Intensité émotionnelle : intense. Nous sommes là sur du récit initiatique. Genre très répandu dans la littérature adolescente. Il s’agit de l’histoire d’une enfant qui devient femme. Elle va faire ses propres choix, familiaux, politique et amoureux. Ce qui va la conduire, elle et ceux qu’elle aime au bord de la mort.
Il y a donc beaucoup de scènes difficiles dans ce roman. Beaucoup de morts. Mais aussi un grand questionnement sur l’esclavage et la vie d’un esclave. Asha évolue dans un monde ou l’esclavage est normal. Elle est l’élite de la société, celle qui peut décider de vie ou de mort sur ses esclaves. Le lecteur est donc confronté à la notion de supériorité d’une ethnie. Asha va devoir réfléchir et comprendre que ce modèle est inhumain. C’est le spectacle de la cruauté qui va faire voler en éclats ses convictions les plus profondes.
Nous avons également la question de la place de la femme qui est abordée. Même si Asha est dépeinte comme une femme forte et assez effrayante. Son promis, le commandant de l’armée, est un homme cruel et sans cœur. Pour lui, la femme est un objet, une récompense. La révolte de la jeune fille et la sensation de piège qui se referme sur elle est présente dans la quasi-totalité du roman.
Je suis prête à parier que cette histoire touchera beaucoup les jeunes lecteurs. C’est un roman parfait pour les esprits en chemin.