Voilà un peu trop, longtemps, que je n’ai rien partagé. Les aléas de la vie ne m’ont laissés que peu de temps pour l’écriture. J’espère que je vais pouvoir renverser la vapeur avant que les vacances scolaires pointent le bout de leur nez. 😉
Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’une idée reçue, que les enfants se mettent dans la tête. À partir de 9 ou 10 ans, même avant parfois, ils sont persuadés que les contes ne sont pas faits pour eux. En général, quand j’entends : » Les contes, c’est pour les petits ! » » Blanche Neige, c’est Disney ! »
Je me délecte de leurs réactions offusquées quand je leur confirme que, oui, je vais leur raconter Blanche Neige. Et non, Disney n’a pas écrit les contes, c’est une interprétation ! Un jour, je vous ferai un billet sur les contes traditionnels, histoire qu’on soit bien d’accord. Les contes populaires, ce n’est pas toujours pour les enfants.
Bref, après la litanie de plaintes. Je fais la sourde oreille. « Eh bien je vous la raconte quand même. »
Parce que je suis têtue et un peu joueuse. 😉
Je sors mon album, et là, il y a un blanc.
Blanche Neige / Jacob et Wilhelm Grimm, ill. Benjamin Lacombe,
trad. et adaptation Suzanne Kabok




Nous avons ici une version bien particulière de Blanche Neige, portée par l’illustration de Benjamin Lacombe. Le récit se fait plus sombre. La dominance du noir, les dessins à l’esquisse donne une profondeur au texte. Sous le crayon, on tremble pour Blanche Neige, on devine la méchanceté profonde de sa belle-mère.
Les images abondent de détails et de symbole qui donne matière à penser.

La dimension dépasse alors la lecture. Nous sommes devant une œuvre d’art. Les interrogations fusent ? Pourquoi elle a un corbeau dans la poitrine ? En plus, sa poitrine est vide.
Nous devenons alors guide d’un musée. Essayant de donner un sens aux images et d’affiner la compréhension du texte.
Ainsi se déroule le récit. Qui prend, au grand minimum, une vingtaine de minutes. Le texte est beau, reprenant fidèlement celui des frères Grimm. La langue est soutenue, le vocabulaire de haut niveau. Donnant à notre princesse tourmentée toutes ses lettres de noblesse.
Entre le texte délicieusement sombre et l’illustration un soupçon gothique, les enfants sont en suspens. En règle générale, ils ne se souviennent que de la pomme qui finit par empoisonner la princesse. Le lacet et le peigne, les premiers cadeaux empoisonnés de la reine, sont une découverte pour eux.
C’est sur la scène de la pomme que je tire mon chapeau à Benjamin Lacombe. Magnifique, suave et envoûtante. Je n’ai pas d’autres mots pour qualifier. Cette illustration est presque charnelle.

C’est toujours un petit défi d’aborder le conte avec des plus grands. Je vous assure que dès 9 ans, ça devient compliqué. Ils pensent avoir tout vu, en regardant les films de Disney et Netflix.
Pourtant, des ouvrages de cette qualité les attirent comme un aimant. Car au-delà du travail artistique de l’illustrateur, les éditions Milan jeunesse ont sélectionné un papier de qualité qui donne une sensation agréable quand le lecteur tourne les pages.
Un album fantastique pour faire découvrir ou redécouvrir ce classique de la littérature.